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Comment lire dans les pensées grâce à Google?

Comment lire dans les pensées grâce à Google Suggest?

Vous voulez savoir ce que pense la grande majorité des internautes. C’est très simple. Google nous offre un moyen artisanal grâce à ses suggestions. Les suggestions c’est quoi? Eh bien quand vous commencez à taper un mot dans la barre de recherche Google vous propose la suite: c’est ça Google Suggest (comme quoi certaines choses sont simples dans la vie).

Pour savoir ce que cherche la majorité des internautes tapez le sujet qui vous intéresse et google vous donne la suite en se basant sur les recherches des autres. Quelques exemples intéressants s’offrent à nous. Comme les « Pourquoi  » et les « Comment « … Vous tapez ces débuts de question, vous tapez espace et google vous dévoile le fond de la pensée de ses utilisateurs (c’est à dire tous les internautes ou presque).

Vous avez les personnages connus aussi « Sarkozy « , « Bouteflika « , « Michael Jackson « …

Et puis le must ce sont les: « ma copine « ; « ma femme « ; « mon copain « ; mon mari « … Vous saurez tout tout tout. Allez amusez-vous bien.

Vous pouvez également savoir ce que veulent voir les internautes. Pour cela, allez sur Google image et tapez « voir « . C’est pas joli joli je vous préviens…

Toutes ces informations vous pouvez les obtenir gratuitement comme simple internaute basique. Imaginez ce que vous pouvez avoir si vous vous appelez: le Gouvernement américain ou Coca Cola. La devise de Google c’est « Don’t Be Evil » (ne faites pas le mal)… Ca vous rassure vous?

google suggest: mon mari

google-suggest: mon mari

Musette en ré majeur: Bach, ce rigolo!

Musette en ré majeur du cahier d’Anna Magdalena Bach, par J.S. Bach

Voici une musique que je trouve assez humoristique, assez drôle. Jean Sébastien Bach est plutôt connu comme un compositeur sérieux et sévère, la petite Musette en ré majeur est une délicieuse exception à la règle. Cette pièce est extraite du fameux cahier d’Anna Magdalena Bach. C’est la seconde femme de Bach.

C’était le cahier de musique de la famille Bach. Jean Sébastien a inscrit sur la couverture le nom d’Anna Magdalena en lettres d’or. Et les compositions qui s’y trouvent valent bien plus que de l’or. Son épouse les jouaient pour travailler son piano. Et elles font partie aujourd’hui encore du répertoire de tous les pianistes qui débutent.

J.S. Bach rigole

J.S. Bach Musette

Il s’agit ici d’une musette, une danse ancienne d’origine française. La Musette est pastorale, assez rustique et plutôt rapide. Voici la Musette en ré majeur de Jean Sébastien Bach. Arrangée pour guitare par Alexandro Lagoya…

Interprétée par moi-même 🙂

J.S. Bach: Musette en ré majeur

Bach, deux femme et 20 enfants

Jean Sébastien Bach a eu beaucoup d’enfants qui furent aussi de talentueux compositeurs (Carl Philipp Emanuel est l’un des plus illustres). Mais combien d’enfants exactement? Vous le savez?

20!

Les 7 premiers sont de Maria Barbara Bach qui était aussi sa cousine. Il a ensuite épousé Anna Magdalena Wilcke. Jean Sebastien Bach a eu en tout 20 enfants dont 10 seulement ont survécu (eh oui les temps étaient durs). Bahc a eu des enfants à l’âge de: 23, 25, 27, 28, 29, 30, 33, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 45, 46, 47, 48, 50, 52 et 57.

Comment le web tue le livre! (1)

Comment le web tue le livre! (1)

Je poursuis mon germe de réflexion autour du web et du livre. Pour résumer, l’idée est que l’Internet menace le livre non pas parce qu’il nous éloigne de la lecture mais bien au contraire parce qu’il est nettement axé autour de celle-ci. Internet remplacera le livre comme il est en train de remplacer le disque. On continuera à lire autant, voire plus, mais autre chose et autrement… Oui je fais un peu œuvre de voyance mais ce n’est que le prolongement d’une réflexion. Correcte ou erronée, l’avenir nous le dira.

La génération Internet est la génération du texte

Oui Internet c’est principalement du texte. Je donnais déjà l’exemple de google qui se base exclusivement su du texte (apparent ou caché) pour référencer toutes les pages du web. C’est dire si la nature de ce média est principalement textuelle.

Google Books

Google Books

On pourrait avancer le succès de Twitter (que du texte), le succès de Facebook (principalement du texte), le succès des publicités en texte pur (les Adsense de Google). Oui mais Youtube ? Me direz-vous. Je vous le concède, c’est de l’image mais comment effectuez-vous vos recherches et comment interagissez-vous sur Youtube? Avec du texte.

L’idée que notre génération est celle de l’image est un peu facile. C’était vrai avec la télévision. Ca l’est de moins en moins avec Internet. Autant la télévision ne menaçait pas le livre car elle jouait sur un autre terrain, autant Internet est en concurrence avec le livre et en concurrence inégale. Pourquoi inégale ? Parce que l’offre sur le web est infiniment plus riche, personnalisé et moins coûteuse.

A suivre…

Interview: Hassan Tabar, les secrets de la musique iranienne

On continue avec les musiques de l’Axe du Mal (selon la définition des USA). Après la musique extrêmement riche de l’Afghanistan présenté par Khaled Arman (lire interview) nous passons à l’Iran. La musique iranienne et ses racines millénaires. Et c’est le très bon joueur de Santour Hassan Tabar qui nous introduit dans le monde passionnant de cette musique.

Entretien: Hassan Tabar, Les secrets de la musique iranienne

Hassan Tabar

Hassan Tabar

On dit souvent que la Musique iranienne est à la fois très codifiée et ouverte à l’improvisation. Comment voyez-vous cela en tant que musicologue et en tant que musicien?

D’abord il faut que vous sachiez qu’il y a une grande interaction entre la musique traditionnelle classique d’Iran et les autres genres de musiques (folkloriques, régionales, populaires…). La musique « officielle » de l’Iran peut se qualifier par différentes expressions: traditionnelle (musiqi-é sonnati), classique, savante ou encore, musique d’art.

Cette musique comporte entre 250 et 500 modèles mélodiques qui ont été collectés au cours de l’histoire et au fur et à mesure des recherches. Ces séquences mélodiques (gushé-s) constituent notre répertoire et la classification de ces modèles se désigne par le terme Radif. Chaque musicien doit apprendre et mémoriser ces séquences d’après le Radif d’un maître, soit pour l’enseignement, soit pour l’interprétation personnelle ou publique. Le Radif est un ensemble très rigoureux et codifié.

Ensemble Tarab d'Iran à Alger

La notion d’improvisation vient d’occident et, comme la plupart des notions musicologiques, elle est mal adaptée à notre musique; l’utilisation de ce terme me pose problème. La Musique iranienne a toujours été une musique de composition et même dans les traités anciens du 10ème siècle on ne parle que de composition: quand j’étudiais les disques 78 tours et les enregistrements des grands maîtres anciens de la Musique persane, je n’ai pas rencontré cette notion d’improvisation. En Iran cette notion pourrait se rapprocher du « bédâhé » ou « badihéh » dans la poésie persane qui correspond à la déclamation ou à la création d’un poème sans préparation, de manière instantanée et spontanée, à partir d’un autre poème ou d’un rythme connu. Effectivement, on ne parle d’improvisation dans les ouvrages qu’à partir du XXème siècle.

Le musicien, dans ses interprétation, doit présenter une suite de modèles mélodiques, à sa manière de jouer et selon sa formation ou son école: cela veut dire qu’il peut présenter d’autres mélodies selon la valeur de son jeu et son inspiration dans l’exposition du répertoire (« radif »). L’improvisation réside donc dans sa manière de jouer et la présentation des « gushé-s ». Pour moi, l’improvisation c’est s’adapter aux auditeurs et aux circonstances pour partager des sentiments, par exemple, savoir quel « dastqâh » (mode) choisir, combien de « gushé-s » présenter et dans quel ordre.

Santour, tar, tombak… Les instruments de la Musique iranienne sont assez peu connus du public algérien. Vous êtes un virtuose reconnu du santour. Pouvez-vous nous présenter cet instrument, et les autres instruments typiques de l’Iran?

Santour

Santour

La Santour est un instrument dont la caisse a la forme d’un trapèze isocèle, fabriqué en général en bois de noyer et qui comporte 72 cordes métalliques reposant 4 par 4 sur 18 chevalets. Les cordes sont fixées directement sur la caisse de résonnance à droite, et viennent s’enrouler chacune sur une cheville à gauche. Les quatre cordes qui passent par le même chevalet sont accordées à l’unisson. Le santour se joue avec deux baguettes en bois de noyer.

Târ

Târ

Le « Târ » est un instrument à cordes pincées avec un long manche de 25 frettes en boyau nouées et amovibles ; le manche est solidaire d’une caisse en forme de double cœur recouverte d’une fine peau de fœtus d’agneau, ce qui donne au Târ un timbre très particulier. Cet instrument se joue avec un petit plectre en métal (laiton ou bronze) et possède six cordes (réparties en 3 chœurs)

Kamântcheh

Kamântcheh

Le « Kamântcheh » est une vièle à 4 cordes qui se pique devant soi ; la caisse de résonnance, qui peut être fermée ou ouverte, est recouverte d’une fine peau animale. La tension des crins de l’archet est contrôlée à volonté par le musicien.

Le chant aussi possède une grande importance dans la Musique iranienne…

Certainement, on peut même dire que notre répertoire (« radif ») est basé sur le chant. D’ailleurs, quand on apprend le radif on mémorise les mélodies en les chantant de même que les poèmes qui accompagnent les mélodies.

La Musique iranienne est ancestrale, probablement l’une des plus anciennes au monde, mais cela ne l’empêche pas de connaitre des transformations avec le temps. Vous êtes d’ailleurs l’auteur d’un livre à ce sujet (Les transformations de la Musique iranienne au début du XXème siècle)…

Permettez-moi de vous informer que je donnerai une conférence à Alger, au cours de laquelle j’aborderai largement cette question. Toutes les musiques du monde ont subi et subiront encore des changements mais ces changements sont très lents et progressifs (un musicien peut s’en rendre compte difficilement au cours de sa carrière). Pour la musique d’Iran, malgré ces changements on constate quand même une continuité. Dans mon livre (que vous avez évoqué), j’essaie d’analyser comment l’influence de l’occident et de ses techniques nouvelles a pu changer les références de tous les iraniens, et surtout celles des intellectuels et des artistes, et comment ces nouvelles références vont imposer la transformation de la musique iranienne.

Beaucoup de musiques savantes issues de traditions orales rencontrent des difficultés au niveau de la transmission (dilemme de la notation musicale, pédagogie traditionnelle…). Comment cela se passe-t-il pour la Musique iranienne ?

Concernant l’apprentissage et l’enseignement de la musique en Iran, nous pouvons constater l’existence de deux courants importants qui perdurent encore : un courant officiel enseigné par des professeurs dans les institutions attachées au gouvernement, la plupart du temps imité de l’occident, et un autre qui suit la tradition orale de maître à disciple.

L’enseignement traditionnel de la musique pour tous les instruments est oral, ou selon l’expression d’usage « de bouche à oreille ». A partir des premières notations pour le santour (1946) l’enseignement du jeu de santour a commencé progressivement à se transformer sans jamais faire disparaître complètement l’enseignement traditionnel. Malheureusement, la nouvelle génération de « santouristes » préfère la composition à la pratique du « radif » et, pour eux, l’obtention d’un diplôme est primordiale.

Vous êtes venu une première fois au Festival de Musique Andalouse et des Musiques anciennes d’Alger en 2007. Quel souvenir en gardez-vous ?

J’ai été très bien accueilli en Algérie et je suis très heureux de nouer petit à petit des relations privilégiées avec ce pays et ses amateurs de musique. Le public algérien semble apprécier grandement la musique de l’Iran et ceci s’explique facilement puisque la musique andalouse possède les mêmes racines que la musique iranienne : vous savez comme moi que le musicien iranien Zeriâb qui fût le maître du célèbre luthiste kurde Ebrahim-El-Mowsili, s’est réfugié en Andalousie au 2ème siècle de l’Hégire sous la protection du roi AbderRahman.

Cette année vous nous revenez avec l’ensemble Tarab d’Iran que vous avez réuni spécialement pour le Festival. Comment s’est constitué cet ensemble ? Les musiciens se connaissaient-ils avant ?

Les quatre musiciens qui résident en Iran se connaissent très bien. Pour ma part je connais plus particulièrement la famille Seyfizâdeh depuis de nombreuses années. Le festival d’Alger est effectivement pour nous une occasion de nous rencontrer et de pratiquer librement le style de musique que nous aimons.

La moyenne d’âge des musiciens est de 22 ans et tous vivent et ont été formés en Iran. Ce sont des aspects importants pour vous ?

Assurément, l’Iran regorge actuellement d’excellents musiciens. On pourrait penser que la relève est assurée mais cela n’est pas sans inquiétude car beaucoup de jeunes actuellement ne sont que d’excellents techniciens. Ceux qui m’accompagnent en Algérie ont bien d’autres qualités grâce à leur solide formation et leur personnalité.

Magie du web: je suis un blogueur marocain sur un site tunisien

Récemment j’ai découvert avec plaisir un article sur le site tunisien Tekiano.com qui parlait de l’initiative « Mon été avec un livre » à laquelle j’avais pris part.

L’article m’attribue généreusement cette initiative et en plus j’y suis un blogueur marocain. Voici le passage en question:

On relèvera du reste que l’origine de l’initiative n’est pas tunisienne. Ce sont des blogueurs marocains (à l’exemple de Moh Kafka) qui sont surtout à l’origine de ce post qui a pour principale vocation de « susciter (ou ressusciter) l’intérêt pour la lecture» comme ils le prétendent et de partager ses lecture favorites avec l’ensemble de la blogosphère du Maghreb (le post circule également en Algérie).

Un algérien est marocain sur un blog tunisien. Le web aura donc réussi là où la politique a échoué,  réunir ces trois pays du Maghreb!

Ce n’est pas pour stigmatiser le site, ce sont des choses qui arrivent. La rédaction web subit la dictature de la vitesse et souvent des détails échappent au rédacteur. Moi-même j’ai pêché par précipitation (je le confesse). Dernièrement je vous présentais Nadorculture comme un site qui propose un contenu original et je m’extasiais devant la qualité des articles (lire article). Mais en jetant un deuxième coup d’œil je me suis aperçu que tous les articles étaient repris de publications parues dans les journaux… Bonjour le contenu original !

Après le plagiat, la précipitation est le deuxième péché de la rédaction web. Bon je dis rédaction web, mais je pourrais en dire autant de la rédaction en général et du journalisme d’aujourd’hui. Et puis pour revenir à l’article du site Tekiano (un très bon site d’ailleurs avec du vrai contenu original) : l’auteur s’étonne que l’internet permette de remettre la lecture au goût du jour. Pour moi ce n’est pas étonnant du tout.

Quoi qu’on en dise le net c’est d’abord du texte. Si vous prenez le plus gros site de la toile, c’est-à-dire google, à l’aide de quel moyen lance-t-il des recherches sur tout le web? Avec du texte et du texte seulement. Même les images, les vidéos et les sons, il ne les trouve que grâce au texte qui les décrit.

La génération internet n’est pas une génération de l’image, c’est une génération du texte.

Je développerai prochainement.

Libertango de Piazzolla: Un tango à Alger!

Libertango de Piazzolla (duo guitare et flûte)

Voici un nouvel enregistrement de mon duo avec mon frère flûtiste. Libertango de Piazzolla. L’hymne du nouveau tango. Bon la qualité de l’image est discutable… C’est fait à contre-jour… On n’est pas des photographes. D’ailleurs, si quelqu’un se propose pour nous aider à réaliser de meilleurs vidéos, voire des anims on prend.


Astor Piazzolla est l’un de nos compositeurs préférés. Il a su redonner un second souffle à une musique qui se faisait vieille: le tango. Il y a introduit des éléments de jazz, de classique et bien d’autres influences et puis c’est un génie du rythme. Les puristes l’ont détesté au départ car il s’éloignait un peu des canons de cette musique. Mais son talent  a fini par mettre tout le monde d’accord. Aujourd’hui ses oeuvres sont jouées par les plus grands orchestres et les plus célèbres musiciens de jazz.

Le style Piazzolla fut appelé Nuevo Tango (nouveau tango), un peu comme notre new chaabi. A quand un génie de la trempe d’un Piazzolla pour sortir notre musique du marasme? Si vous le trouvez faites-moi signe.

Interview: Khaled Arman, à la découverte de la Musique afghane.

Après la musique des Roms et notre petit arrangement d’Ederlezi (ici) on continue avec les peuples dont on devrait (à mon humble avis) découvrir la musique. Aujourd’hui l’Afghanistan!

Au cours du Festival de Musique Andalouse et des Musiques Anciennes  de 2009 j’avais rencontré l’excellent musicien afghan Khaled Arman. Cet ancien guitariste classique (décidément c’est une épidémie) s’est spécialisé dans le Rubab, un instrument typique de l’Afghanistan mais qui possède des parents éloignés dans le monde entier. Enfin je laisse la parole à l’artiste.

Entretien: Khaled Arman, à la découverte de la Musique afghane.

Compositeur et joueur de rubab, Khaled Arman dirige l’ensemble Kaboul. Nous l’avons rencontré hier à Riad El Feth. Il nous parle de la musique afghane et retrace le cheminement qui l’a mené de la guitare classique à la musique de son pays.

Khaled Arman au Rubab

Khaled Arman au Rubab

Aujourd’hui quand on parle d’Afghanistan c’est rarement pour évoquer sa musique, pourtant ce pays possède une musique très riche et votre ensemble œuvre à la représenter…

Effectivement la musique afghane est un sujet assez vaste qu’on ne pourrait pas résumer en quelques mots. En effet il n’y a pas un seul peuple qui habite ce pays mais au moins cinq à six ethnies majeures avec leur langues, leurs instruments et leur façon de faire de la musique. Nous, on ne peut pas tout représenter. L’ensemble Kaboul fut fondé en Europe mais avec des musiciens qui, déjà dans leur pays, étaient des professionnels ; donc ce sont des musiciens de la diaspora. Notre ensemble a été fondé par mon père, Hossein Arman, et petit à petit j’ai pris le relais. Nous nous adaptons en général au style du chanteur, c’est-à-dire mon père qui est le chanteur principal,  mais après nous avons aussi développé les parties instrumentales et là c’est ma sœur qui prend le relais et devient la chanteuse du groupe.

La musique afghane est très riche mais en même temps difficile à définir. On trouve une importante influence persane et la musique persane elle-même est un vaste sujet parce qu’elle ne se résume pas à la musique iranienne, les persanophones se trouvent aussi dans l’Asie centrale avec des peuples comme les Tadjiks qui ont une musique extrêmement intéressante, les Ouzbeks et puis une partie de l’Afghanistan. Nous avons aussi la tradition nord-indienne qui est très présente à l’est et au sud de l’Afghanistan. Mais on ne peut pas dire que ces pays voisins ont imposé leur influence à l’Afghanistan, il y a un échange et cette musique appartient à toute la région. C’est là où on voit que la musique n’a pas de frontière. C’est comme pour la musique arabo-andalouse où on trouve beaucoup d’influences réciproques entre les traditions musicales des peuples du Maghreb, mais elles ont toutes la même source à la base. Donc, pour revenir à la musique afghane, ce sont les deux pôles nord-indien et persan qui se rejoignent.

Mashal Arman (Kabul)

Mashal Arman, la merveilleuse chanteuse de Kaboul

Et vous tentez de représenter toutes ces traditions musicales de l’Afghanistan ?

Non, c’est véritablement impossible de les représenter toutes mais vous y entendez ces deux pôles, indien et persan, qui sont constituants de la musique afghane. Mais si vous essayez d’y trouver de la musique ouzbek ou autres traditions régionales là non.

Il s’agit donc de nouveaux arrangements…

De toute façon. Quelle que soit la tradition que vous suivez vous finissez par ajouter et enlever des choses mais il faut avoir une connaissance de base extrêmement solide. C’est-à-dire que l’on peut développer dans tous les sens si l’on veut mais il faut savoir retourner à la musique de base.

Vous avez une double formation de guitariste classique et de joueur de rubab, que vous apporte-t-elle dans la pratique musicale ?

Oui, j’enseigne toujours la guitare classique. Je fais beaucoup de choses dans le domaine musical, je pratique la musique dès le moment où je me lève jusqu’au moment où je vais au lit. Mais je ne pratique plus la guitare classique en tant que concertiste. J’étais concertiste dans ma jeunesse, après avoir remporté le concours de Paris mais cette période est révolue. Cela a duré de l’âge de vingt-deux ans jusqu’à trente ans environs. Maintenant j’ai quarante-cinq ans et je suis passé à autre chose. C’était impossible pour moi de rester dans cette tradition occidentale (que je respecte beaucoup et qui fut véritablement formatrice pour moi) de guitariste classique et d’ignorer ma musique. En même temps cette double formation m’apporte beaucoup: depuis dix ans maintenant je joue de mes instruments traditionnels dans des formations de musique occidentale savante. C’est ma formation de guitariste qui me permet d’échanger assez facilement et de trouver ma place dans ces ensembles. Mais des musiciens comme moi il y en a beaucoup aujourd’hui.

Khaled Arman présente le Rubab (Alger)

Khaled Arman présente le Rubab (Alger)

Pouvez-vous nous présenter le rubab, votre instrument de prédilection?

Le mot rubab vous l’avez en Algérie avec le r’bab mais ce sont des instruments complètement différents. Vous trouvez ce mot en Iran, au Pakistan, dans toute l’Asie centrale, au Cachemire, en Malaisie vous trouverez partout le rebab, rabab, revav, rubab… Si on regarde vraiment de près chaque peuple, d’Afrique du nord jusqu’en Asie du sud est, possède son rubab. On ne connaît pas vraiment l’origine du mot. Chaque pays essaie de prouver qu’il est le détenteur du rubab mais on n’en sait pas plus. Ce sont des querelles auxquelles je ne tiens pas. Par contre le type de rubab dont je joue est répandu au Cachemire ; il appartient aux Pachtouns qui constituent une ethnie assez importante dans le sud de l’Afghanistan et qui possèdent une tradition musicale très proche de l’Inde d’une richesse extraordinaire, d’une beauté à tomber par terre et qui ont beaucoup développé le jeu du rubab avec des cordes à résonance sympathique dont maintenant tous les instruments nord-indiens sont munis. Quand vous écoutez le rubab tadjik c’est différent et l’iranien c’est encore autre chose. Mon rubab est aussi un peu modifié. Avec l’aide d’un luthier, j’ai ajouté quinze frettes et une corde supplémentaire ainsi que des frettes de quart de ton.

Kaboul à Alger: Osman Arman au Tar persan à ne pas confondre avec le tar de l'andalou!

Kaboul à Alger: Osman Arman au Tar persan à ne pas confondre avec le tar de l'andalou!

Pouvez-vous nous donner une idée du programme de votre concert au festival?

C’est difficile de vous donner une idée. Nous passons après un autre groupe (Abbas Righi) et les musiciens sont sensibles à ce qu’ils entendent. Et puis la musique demande beaucoup de concentration, non seulement pour les musiciens mais aussi pour le public. Nous allons voir le temps qu’on aura pour jouer et  le type public face auquel nous jouerons pour arriver à créer un contact avec les gens afin que le message passe. Il y aura des pièces chantées et des pièces instrumentales. Nous avons une idée du programme mais il est très probable que nous le changerons sur scène et cela arrive très souvent.

Est-ce que ce n’est pas finalement une difficulté que pose la scène pour les musiques traditionnelles qui sont pensées pour un autre contexte?

Quand vous êtes face à des mélomanes qui connaissent cette musique il est facile de communiquer. C’est une évidence. Mais quand vous avez un public qui découvre dans l’instant-même cette musique  ce n’est pas pareil vous êtes dans une autre position. Alors que faire? Jouer sa musique sans prêter attention au public? Jouer selon l’écoute du public? Ou les deux? Je n’en sais rien. Mais en tous cas, nous jouons ce que nous aimons du mieux qu’on peut et je pense que c’est là l’essentiel.

Vous venez pour la deuxième fois au festival, qu’évoque pour vous la musique andalouse?

Une musique extrêmement riche. Moi je pense qu’un musicien européen qui ignore cette tradition a un manque énorme. La musique arabo-andalouse apporte des éléments essentiels à la musique occidentale. Notamment concernant les modes. Figurez-vous que la semaine dernière je travaillais avec un excellent gambiste italien ainsi que huit chanteuses autour de la musique ancienne d’Europe et si vous écoutez vraiment les modes ils font vraiment penser à la musique arabo andalouse. Pour moi, il y a un lien direct entre ces musiques.

La musique arabo-andalouse nous raconte une période absolument magnifique d’une osmose et d’une rencontre entre les cultures. Notamment entre l’Afrique du nord et l’Europe mais aussi de la Perse parce que Zyriab, l’un des fondateurs de cette musique, était probablement originaire d’Iran. Après c’était les juifs, les chrétiens… C’était une rencontre entre plusieurs peuples qui a donné naissance à une nouvelle tradition unique en son genre.

Entretien réalisé par Walid alias Moh Kafka

Ederlezi- Chant tzigane (guitare et flûte)

On vient tout juste de l’enregistrer. Voici un arrangement pour flûte et guitare d’un chant tzigane intitulé Ederlezi. La version la plus connue est celle de Goran Bregovic. BO du film le Temps des gitans d’Emir Kusturica. C’est quasiment l’hymne du peuple Rom. C’est notre modeste hommage à ce peuple millénaire riche d’une culture fascinante.



Ederlezi est une fête sacrée chez les roms. Le chant raconte l’histoire d’un jeune musicien qui ne peut fêter Ederlezi avec les autres roms… Les paroles sont ici.

Nadorculture, un très bon blog algérien!

Je passe rapidement juste pour vous conseiller un blog que j’ai découvert tout récemment. C’est Nadorculture alias « Bouillon de culture ».

Nadorculture (The Blog)

Nadorculture (The Blog)

Enfin un blog avec du vrai contenu. Il y a des critiques/compte-rendus de livres, des contributions de d’intelectuels et d’auteurs sur divers sujets: Société, histoire, littérature…

Le graphisme donne raison au constat que je faisais dans l’article (Web Algérien, comment réussir quand on est moche et mal organisé). Une dominante de rose. Avec un gif représentant l’éclosion d’une rose au-dessus du compteur de visite et une colombe qui vole de l’autre côté… symbole de la paix. Pas besoin d’être beau, le contenu vaut vraiment le détour et les auteurs méritent tous nos encouragements.

Visitez sans plus tarder le blog Bouillon de culture.

Saha Aidkoum! Le palmier, le gaz et le pétrole.

La lune n’est pas apparue mercredi dernier, nuit du doute, alors l’aid c’est demain vendredi. Ce sera le cas dans la plupart des pays arabes. Même la Libye qui souvent a des lubies (merci pour la rime) fêtera l’aid le 10 comme tout le monde. Le Centre Libyen des Sciences de l’Espace et de la Télédétection (un peu comme la NASA mais en Libye!) a fixé cette date depuis quelques jours déjà.

Voyage dans la lune. Film muet de Georges Melies

Voyage dans la lune. Film muet de Georges Melies

Demain c’est l’aid. Une belle occasion pour manger plein de gâteaux et renouer le contact avec des amis et des parents par trop négligés. J’aime bien cette occasion. Les gens sont vraiment heureux parce qu’ils peuvent de nouveau manger à leur faim. Je ne dis pas qu’ils ne sont pas heureux durant les autres fêtes mais là ça vient vraiment du fond du coeur, voire de l’estomac.

Et puis les gamins sortent leurs plus beaux habits et s’en mettent plein les poches grâce à la générosité exceptionnelle des parents en ce jour. On a tous acheté ces fausses montres en plastique et ces grenouilles acrobates de fabrication chinoise. A croire que les Chinois ont des usines spéciales pour nos fêtes, les pétards du mouloud c’est aussi chinois!

Demain c’est aussi l’occasion d’écouter Saha Aidkoum de Abdelkrim Dali. Les français ont leur Petit papa Noël de Tino Rossi, nous nous avons cette superbe mélodie hawzi. Je n’avais jamais prêté attention aux paroles. Le chanteur salue un peu tous les coins d’Algérie: Constantine, Tlemcen, Oran, Alger… en citant les qualités des habitants. Et en arrivant aux « courageux gens du sahara » il dit: avec vos palmiers, vos dattes, votre gaz et votre pétrole vous avez toutes les richesses. Toutes les richesses c’est vite dit, il reste encore très difficile de trouver une école ou un dispensaire pour les « courageux gens du sahara ». Allez Saha Aidkoum quand même ya ahl la blogosphère dz et d’ailleurs.